La croissance verte, tremplin pour l’émergence économique du Tchad
« L’année 2011 qui commence sera l’année des espoirs et l’An Un de la Renaissance de la nation tchadienne et d’un Tchad émergent que nous construisons ensemble. » Tel est l’un des passages forts du discours du président Idriss Déby Itno, lors de son allocution de fin d’année.
En 50 ans d’indépendance, les Tchadiens ont passé plus de quatre décennies à faire la guerre. Aujourd’hui, le Tchad pacifié affiche une croissance de 6,5%, mais le chemin est long, voir très long, car il y a des montagnes d’obstacles à surmonter.
L’une des plus importantes est la mise en place d’une ceinture verte autour des grandes villes. Autour de N’Djamena, on a 32 km de ceinture verte, et d’ici fin 2011, on passera à 42 km, couvrant ainsi 70% de la capitale du Tchad.
Le premier est de nature climatique. « On a une avancée du désert de 3 km/an et si on ne fait pas attention, dans 15-20 ans, tout le pays sera désertique. » Zakaria Hoski, directeur général de l’environnement au Ministère tchadien de l’environnement et des ressources halieutiques, ne cache pas son inquiétude sur le devenir du pays. Cette désertification est d’ailleurs accélérée par une mauvaise culture du coton.
Le second est l’enclavement. Le Tchad est situé à 2100 km du port de Douala, qui est le plus proche. Malgré les avantages accordés par les autorités camerounaises, le transport pèse sur les prix des produits.
Un autre problème, et non des moindres, est l’accessibilité et le coût de l’énergie. Avec un tarif HT du kWh compris entre 0,127 € et 0,31 € au Tchad, il s’agit simplement du tarif énergétique le plus cher au monde. La dépendance aux énergies fossiles pour la production de l’électricité explique ce coût exorbitant, qui a des conséquences sur le développement industriel, les services et l’accessibilité aux produits de premières nécessités. De plus, malgré le début de l’exploitation pétrolière dans le pays en 2003, les nombreuses coupures vécues à N’Djamena rappellent la rareté de l’énergie.
Le quatrième obstacle est la pénurie des cadres formés et le renforcement des capacités. Toutes ces années de guerre ont empêché le développement des compétences.
Opportunités de green business au Tchad
Dans le cadre d’une stratégie ambitieuse de croissance verte, plusieurs contraintes ainsi évoquées sont transformables en opportunités pour l’économie décarbonée. D’ailleurs, les Tchadiens agissent déjà en ce sens par le biais de quelques actions. L’une des plus importantes est la mise en place d’une ceinture verte autour des grandes villes. Autour de N’Djamena, on a 32 km de ceinture verte et, d’ici fin 2011, on passera à 42 km, couvrant ainsi 70% de la capitale du Tchad.
Voici les principales capitales de région exposées à la désertification : Lac Tchad, Kanem, Barghazel, Batha, Ouadaï, Wabi Fira et l’Ennebi. Il y a donc des projets de ceintures vertes en cours autour de ces villes. La semaine nationale de l’arbre a été instaurée il y a dix ans pour lutter contre la désertification par la plantation d’arbres et la sensibilisation de la population contre la désertification. Le pays est aussi impliqué dans la réalisation de la Grande muraille verte, qui concerne onze pays et s’étend de Dakar à Djibouti sur 7110 km. Le Tchad prendra, en avril-mai 2011, la présidence de la Conférence des ministres africains de l’environnement pour adopter la convention de la création de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte, dont N’Djamena sera le siège. Pour la mise en œuvre, chaque pays est chargé de réaliser, selon ses moyens et partenaires, la Grande muraille verte à l’intérieur de son territoire. Malgré ces initiatives, on regrettera l’absence de mobilisation de fonds carbone pour la réalisation de ces projets ambitieux de boisement et reboisement.
Le désenclavement du pays
Les transports routiers et aériens sont les principaux modes de déplacement utilisés pour l’acheminement des biens et des produits au Tchad. Le désenclavement du pays peut s’appuyer sur des solutions plus économiques et plus écologiques. Le ferroutage reste à développer, même si un train part chaque jour de Douala vers N’Djamena. Autour du chemin de fer, les plateformes multimodales sont à développer, en liaison avec d’autres moyens de transport (fluvial, aérien et routier).
La mise en service de la raffinerie de Djermaya, avec une production de 20 à 60 000 barils/jour, permettra d’avoir de l’énergie un peu moins chère dans le pays. Par ailleurs, le coût élevé des énergies fossiles rend compétitives les énergies renouvelables.
Mbodou Djirad Alifei, directeur général de l’énergie au Ministère de l’énergie et du pétrole, nous a confié que dans le cadre du Plan stratégique d’amélioration de la gouvernance au Tchad (plan directeur de l’énergie qui sera effectif en mai 2011), l’aspect crédit carbone et, surtout, les énergies renouvelables seront largement diffusés. Par ailleurs, il y aussi une étude de faisabilité sur la production de l’énergie à partir de la bagasse de canne à sucre et de coques de coton. La Compagnie Sucrière du Tchad et Coton Tchad font déjà recours à de tels procédés.
En plus du solaire et de l’éolien, une attention particulière est à apporter à l’hydroélectricité et à la géothermie présents dans le nord du pays, ainsi que la valorisation matière et énergétique des déchets des grandes métropoles comme N’Djamena.
D’après le directeur de l’énergie, une réflexion est en cours sur la création d’un service d’économie d’énergie et d’efficacité énergétique. Une politique ambitieuse est également attendue dans la mise en œuvre de projet de Mécanisme de développement propre (MDP). Vu l’urgence et les besoins, il faudra très vite passer à l’action. Il y a actuellement 2754 projets MDP enregistrés dans le monde, dont seulement 55 projets africains, et le Tchad n’en a encore enregistré aucun. Pourtant, d’après une étude de la Banque mondiale, il y a un potentiel de 45 projets MDP au Tchad, qui permettraient de réduire 7 287 798 tonnes de CO2. Ainsi, pour un prix spot de 11,3 €/tonne (Bluenex le 15 janvier), le pays pourrait mobiliser un peu plus de 82 millions d’euros sur le marché du carbone.
Source: www.lesafriques.com
