Lancement par la Banque Centrale du Congo, depuis le 02 juillet 2012, de nouvelles coupures à valeur faciale élevée
Lancement par la Banque Centrale du Congo, depuis le 02 juillet 2012, de nouvelles coupures à valeur faciale élevée CONGOADAPTATION DE LA STRUCTURE FIDUCIAIRE DU FRANC CONGOLAIS : NECESSITE, AVANTAGES ET MESURES D’ACCOMPAGNEMENT
1. CONTEXTE
Rappel de l’état de lieu de la structure fiduciaire national avant la réforme de 1998 :
• Désorganisation du système monétaire national à la suite notamment de la malheureuse expérience de l’hyperinflation des années 1990 ;
• Structure fiduciaire inadaptée à l’évolution économique du pays pendant ces 14 dernières années ;
• Relégation de la monnaie nationale au rang de monnaie divisionnaire des devises ;
• Apparition de distorsions monétaires :
- Aggravation de la dollarisation ;
- -Déformation du processus de détermination des prix des biens et services ;
- -Réduction de l’éventail fiduciaire (4 contre 11) ;
- -Diminution de la portée de la politique monétaire.
1990 :
• Pénurie aiguë de billets de banque ;
• Dérèglement du système bancaire.
1991 :
• Septembre 1991 : pillage ;
• Octobre 1991 : accroissement sensible des salaires (avant l’augmentation de décembre 1993);
• 2 mois après épuisement du stock des signes monétaires à l’Institut d’Emission ;
• Accumulation des arriérés ;
• Apparition de la décote ;
• Accélération dépenses (manque d’orthodoxie budgétaire) : creusement du déficit ;
• Dépréciation du taux de change.
1992 :
• Injection 5 coupures à raison d’1 tous les 2 mois ;
• Emissions monétaires : 3.548,6 % ;
• Variation masse monétaire : 4.115,7 % ;
• Taux d’inflation : 4.651,2 % ;
•Taux de change : 96,8 % ;
• Accumulation des arriérés.
1993 :
• Pillage en janvier 1993 ;
• Accumulation des arriérés de paiement ;
• Epuisement des réserves en signes monétaires ;
• Apparition de la décote ;
1993 (suite) :
• Dépréciation (74,9 %) avant la réforme de septembre.
• Décision de mai : Suppression de la rétrocession d’une partie des recettes d’export aux exportateurs et (contraction de l’offre des devises/pas de rapatriement des devises) ;
• Ecart entre les taux de change indicatif et parallèle : 191,4 % en décembre ;
• Interventions de l’Institut d’Emission sur le marché de change : 9,7 millions contre 151 en 1991 et 47,7 en 1992 ;
• Variation émissions monétaire : 3.078,7 % ;
• Variation M2 : 2.482,5 % ;
• Taux d’inflation : 2.989,6 % ;
• Variation taux de change : 27,7 % à l’interbancaire.
1993 (suite) : Points faibles de la réforme (suppression des 6 zéros et facilité dans les transactions exceptées)
• Augmentation sensible de la rémunération en décembre alors que la réforme venait d’être lancée en octobre ;
• Explosion du CNE (1.326 % à fin décembre contre 387 % deux mois plus tôt) ;
• Absence de sous-multiples et concentration des émissions sur les grosses coupures (100 et 50 NZ) ;
• Rareté des petites coupures (1, 5, 10 et 20 NZ) ;
• Augmentation de 239 % du prix du carburant à la pompe ;
• Contraction de l’activité économique (-13,5 %) et rareté des devises au sein du système bancaire ;
• Gel des avoirs monétaires.
Conséquences des distorsions monétaires résultant de l’inadaptation de la structure fiduciaire
• Perte par la monnaie nationale des trois fonctions principales d’une monnaie, à savoir : servir d’unité de compte, d’intermédiaire des échanges et de réserve de valeur ;
• Elévation des coûts de transaction afférents au transport ainsi qu’à la sécurisation des billets de banque ;
• Exclusion pure et simple de la monnaie nationale des grandes transactions ; etc.
Réaction de l’Autorité Monétaire : Réforme monétaire de juin 1998 ayant consisté au lancement du franc congolais.
Avantages :
• Amélioration sensible du système monétaire national ;
• Réunification de l’espace monétaire national ;
• Elimination de la multiplicité des taux de change ;
• Création d’un environnement favorable à la relance de l’activité économique et financière, etc.
Malheureusement : stop de l’élan de la réforme en raison des perturbations provoquées par la guerre d’agression survenue l’année-même.
Perte du pouvoir d’achat du Franc Congolais de juin 1998 à mai 2012
De 72,5 USD au lancement de Mwana Pwo, le billet de 100 CDF (la plus grosse coupure à l’époque) ne vaut plus que 0,1 USD à fin mai 2012. Perte de près de 100 % de son pouvoir d’achat en 14 ans. Les coupures de 500 et 200 CDF émises en 2003 et 2004 ont à leur tour perdu leur valeur.
2. NECESSITE ET JUSTIFICATION
2.1. Adapter la structure fiduciaire à l’évolution économique et financière :
Adaptation : phénomène naturel
Exigences de l’opération :
• Tenir compte des réalités et des spécificités sociologiques et économiques pour déterminer la structure en partant des prix usuellement pratiqués (lire : PAYNE, HENTSH, CRAMER…) et de la sophistication du système bancaire ;
• Veiller à la bonne répartition entre coupures ;
• S’assurer de l’adaptation des billets au pouvoir d’achat des agents économiques ainsi qu’à la structure des prix dans l’économie ;
• Rendre les paiements efficients (moins de billets pour acheter un bien et facilité de conversion).
2.2. Objectifs de l’adaptation de la structure fiduciaire
Améliorer le pouvoir d’achat des billets : il faudrait une liasse et demie constituée de la plus grosse coupure (5OO CDF) pour atteindre la valeur qu’avait le billet de 100 CDF au lancement de Mwana Pwo ;
Faciliter le dénouement des transactions (commodité) ;
Redonner à la monnaie nationale ses 3 fonctions : unité de compte, réserve de valeur et intermédiaire des échanges ;
Stimuler la demande du CDF et contribuer ainsi à la dédollarisation de l’économie ;
Accroitre la portée de la politique monétaire ;
Corriger la structure fiduciaire ;
Poursuivre l’élargissement graduel de l’éventail fiduciaire dont l’intervalle de temps se plie au contexte et à la situation du cadre macroéconomique.
3. AVANTAGES
Paiements commodes et efficients ;
Réduction des coûts de manipulation des billets ;
Facilité des transactions ;
Economie d’échelle sur les coûts d’impression, de transport et des distribution des signes monétaires ;
Dégagement des ressources pouvant financer notamment le social, l’effort de mobilisation des recettes étant maintenu.
4. STRATEGIE ET MESURES D’ACC.
4.1. Stratégie de communication
Campagne : activité intense avant et après le lancement ;
Cible : toutes les couches de la population ;
Objectifs : expliquer l’importance de l’opération et vulgariser les caractéristiques des nouvelles coupures pour une meilleure appropriation de l’oeuvre par la population ;
Types de supports : sonographiques, vidéographiques, écrits, on line (spots, jingles, émissions télévisées et radiodiffusées, colloques, articles, affiches, affichettes, dépliants, etc.) ;
Langues : français et langues vernaculaires ;
Lancement : par annonce officielle de l’Autorité Monétaire radiodiffusée et télévisée.
4.2. Procédure de lancement
Emissions de remplacement conforme à la programmation : pas d’impact sur la M2
Programmation réaliste des émissions
Structure optimale des émissions décroissante en volume (petites coupures en hausse/grosses en baisse) ;
Structure de Gauss en valeur ;
Distribution simultanée sur toute l’étendue du territoire ;
Voie bancaire : canal de mise en circulation privilégié.
4.3. Mesures d’encadrement
PEG II renforcé :
• Politiques macroéconomiques prudentes :
- Base caisse stricte (PTR secteur public) ;
- Limitation des injections monétaires (achat des devises, BTR, refinancement) ;
- Eviter un impact expansif sur la liquidité susceptible de perturber le taux de change.
PEG II renforcé (suite) :
• Filets de sauvegarde en cas de choc/spéculation :
- Intervention énergique sur le marché des changes (niveau des réserves : 1.340 millions de USD) ;
- Renforcement des appels d’offres des BTR (en cas de choc sur la liquidité bancaire) ;
- Révision du programme de mise en circulation des billets à valeur faciale adaptée.
• Volet petites coupures : programme d’émission ad hoc